Au dernier jour de pourparlers de la conférence de Bali, les pays émergents ont affirmé qu'ils résisteraient "aux pressions et même aux menaces" des pays riches qui les pressent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Le principal regroupement de pays en développement, le G77, a affirmé ne pas être prêt à faire de nouveaux efforts pour lutter contre les changements climatiques. Des mesures de réduction des émissions risqueraient de nuire à la croissance économique de ces pays et, de ce fait, au niveau de vie de millions d'habitants.
Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la convention-cadre des Nations unies sur le climat, s'est toutefois montré optimiste sur les chances de voir la conférence de Bali déboucher sur un accord et lancer formellement deux années de négociations visant à préparer l'après-Kyoto.
"Nous sommes sur le point de parvenir à un accord. Nous ne sommes absolument pas dans l'impasse", a-t-il déclaré. "C'est plus lent que ce à quoi je m'attendais, mais les délégués ont le sentiment de s'être embarqués dans un voyage particulièrement important."
"PRESSIONS ET MENACES"
Le G77 regroupe quelque 150 pays émergents, dont la Chine et l'Inde, qui forment avec les Etats-Unis et la Russie les quatre premiers pays émetteurs de gaz à effet de serre (GES).
Les pays émergents ont subi de "fortes pressions" pour réduire leurs émissions, a rapporté le président du groupe, Mounir Akram. "Les pays en développement ont pour l'instant réussi à résister à ce type de pressions et même à des menaces pour nous forcer à prendre des engagements", a-t-il ajouté, sans préciser de quels pays émanaient ces pressions.
"Les pays développés exigent des pays émergents qu'ils prennent des engagements. Je ne pense pas que cela soit possible", a estimé Komi Tomyeba, de la délégation du Togo.
La conférence de Bali, lancée le 3 décembre dernier par l'Onu dans cette île indonésienne, vise à lancer formellement deux années de négociations, qui devront donner naissance fin 2009 au successeur du protocole de Kyoto, qui expire en 2012.
Pour les Nations unies, le prochain accord devra impliquer tous les pays, à la tête desquels les Etats-Unis, premier émetteur de gaz à effet de serre, et inclure les pays émergents tels que la Chine et l'Inde.
TEXTE DE COMPROMIS
Les pourparlers avaient été relancés vendredi avec la fin de la dispute entre l'Europe et les Etats-Unis, qui s'opposaient sur l'objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 25 à 40% dans les pays riches avant 2020.
Cet objectif, appuyé par l'Union européenne, était désapprouvé par les Etats-Unis, au motif qu'il préjugeait du résultat final des négociations.
Vendredi matin, l'Indonésie a proposé de renoncer à l'objectif chiffré soutenu par l'Europe, espérant ainsi rallier Washington au projet de déclaration finale.
Selon de Boer, la nouvelle version constitue le point de départ d'un compromis car elle maintient l'objectif, compatible avec celui de l'UE sur 2020, de faire culminer les émissions dans les 10 à 15 prochaines années et de les réduire de plus de 50% en 2050 par rapport à leur niveau de 2000.
On ignore encore toutefois si les Etats-Unis accepteront ce texte.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a mis en garde contre les risques d'un échec à Bali. "Cela serait très grave", a-t-il dit, reconnaissant toutefois penser qu'il y aurait un accord.
Ban, qui s'est rendu en visite au Timor oriental après avoir participé à la conférence de Bali, devrait tenir samedi matin une conférence de presse en Indonésie, a annoncé sa porte-parole, Michelle Montas.
A l'extérieur des bâtiments où se déroulent les négociations, des militants écologistes dansaient en chantant "chaud, chaud, chaud", après avoir remis symboliquement le "prix fossile de l'année" aux Etats-Unis et au Canada, pour avoir le moins contribué aux négociations.
Version française Gregory Schwartz