La notion de biodiversité reste aujourd’hui difficilement intégrée par les entreprises du CAC 40. Elle est largement eclipsée par la lutte contre le réchauffement climatique dans les politiques de management et les pratiques environnementales. Une évolution attribuable à la difficulté de quantifier et comparer les indices de biodiversité à grande échelle, selon les sociétés.Un obstacle avant tout culturel. Où en sont les entreprises françaises par rapport à la notion de biodiversité ? Cette question a fait l’objet d’une conférence-débat en présence de grandes entreprises, telles que Veolia et l’Oréal, et organisée hier par Novethic, un centre de recherche sur l’économie responsable. Et la réponse à cette question est : pas très loin, si l’on en croit Véronique Dham, responsable de l’agence de conseil en biodiversité Gondwana. http://www.developpementdurablelejournal.com/spip.php?article1937
Réchauffement climatique en tête
D’après une étude réalisée en octobre de l’année 2007 auprès de 80 entreprises françaises et internationales, seulement "21 entreprises du Cac 40 ont engagé des programmes en faveur de la biodiversité ", et " sur les 7 postes budgétaires consacrés par les entreprises à l’environnement, la biodiversité n’occupe que le 6ème rang de leurs dépenses. " Un phénomène qui s’explique en partie par la priorité accordée au réchauffement climatique. En cela, les entreprises ne sont pas distinctes de la population. Un sondage BVA réalisé au mois d’octobre 2007, à la fin du Grenelle de l’environnement, a montré que le réchauffement climatique arrive en tête des préoccupations environnementales des français, tandis que la déforestation, l’extinction des espèces menacées et les OGM se retrouvent en bas du tableau.
Une réalité insaisissable au pays de Descartes
L’une des difficultés, c’est que la gestion de ce critère biodiversité recouvre des réalités et conceptions complètement différentes d’une entreprise à une autre. Pour l’Oréal, elle s’apparente à l’élaboration de fiche-plantes des 300 espèces végétales utilisées par le fabricant de cosmétiques et l’étude de l’impact de leur utilisation. Quant à Veolia, l’appréhension de la biodiversité s’appuie sur l’évaluation de l’impact résiduel des traitements de l’eau sur les micro-organismes.
D’autre part, pour Véronique Dham, les entreprises ont l’impression, en participant à la lutte contre le réchauffement climatique, d’agir pour la préservation de la biodiversité. En quelque sorte, celle-ci n’est pas considérée comme un élément quantifiable en tant que tel. "On manque d’indicateurs pour mesurer et comparer la biodiversité à une échelle plus importante que celle d’un site. On est dans un contexte plus national que local d’où le rôle des pouvoirs publics ", a expliqué Mathieu Tolian, chargé de mission management environnemental du groupe Veolia. Un argument peu recevable, du point de vue de Gondwana, à la lumière de l’avance de 15 ans prise par les pays anglo-saxons : " Ils ne disposent pas d’indicateurs, mais pour eux, ce n’est pas le fond du problème, ils font le lien entre la performace de l’entreprise et la pérennité de leur activité ", a déclaré Véronique Dham.