En France comme aux Etats-Unis, l'énergie solaire va bénéficier d'une météo au beau fixe pour cette année. Les conditions sont pourtant radicalement différentes des deux côtés de l'Atlantique. Aux Etats-Unis, où près de 50 % de l'électricité consommée provient de centrales au charbon, la nouvelle législation fédérale sur l'énergie, signée avant Noël par George Bush, ne prévoit aucun coup de pouce aux énergies renouvelables.
Les initiatives vont venir des Etats dont la moitié se sont fixé des objectifs de diversification vers les énergies renouvelables. La Californie va faire la course en tête avec son programme Initiative solaire, de 2,9 milliards de dollars, qui vise à subventionner le déploiement de panneaux solaires sur les nouvelles résidences. L'objectif est d'équiper 1 million de toits afin de produire 5 % des besoins en électricité de l'Etat d'ici à 10 ans.
Motiver les industriels
Le Golden State fait la même analyse que les capital-risqueurs américains : l'énergie solaire, parce qu'elle est fiable et peut être aisément produite de manière décentralisée, est la réponse la plus satisfaisante aux exigences de recours aux énergies alternatives dictées par la quête de réduction des gaz à effet de serre. En 2007, l'énergie solaire a pesé pour près de la moitié des investissements américains de capital-risque dans les technologies de l'environnement. Toutefois, elle ne représentera que 3 % de la consommation électrique du pays d'ici à 2015. D'où les appels insistants du secteur privé en faveur d'une initiative d'envergure des pouvoirs publics au niveau fédéral. Les élections présidentielles de novembre prochain s'annonceront déterminantes.
La France, partie très tard dans les énergies renouvelables, espère rattraper son retard grâce à une politique originale des tarifs de rachats par EDF de l'électricité produite grâce à des panneaux photovoltaïques. Depuis l'an dernier, le kilowattheure est payé 0,55 euro lorsque les panneaux sont intégrés au bâtiment, contre seulement 0,3 euro pour les configurations classiques. Une distinction qui n'existe pas dans les autres pays, et vise à inciter les industriels à imaginer des produits innovants.
L'idée de base est simple. Le Danemark, l'Espagne ou l'Allemagne, pionniers des énergies renouvelables, disposent maintenant d'une industrie puissante dans le solaire ou l'éolien. La France, non. « Avec cette politique, il s'agit de rattraper un peu le temps perdu en créant des niches de marché sur lesquelles vont venir les industriels », explique François Moisan, directeur scientifique de l'Ademe.
Tuiles et membranes
Certains industriels s'étaient déjà mis au travail. Imérys Toiture, le leader français du secteur, travaille depuis 2002 sur un concept de tuiles photovoltaïques. « Notre système de châssis est breveté. Il permet une pose simple, tout en offrant évidemment une parfaite étanchéité et une esthétique réussie. Ce dernier point est très important pour les particuliers », explique Bruno Pencolé-Lehaut, directeur marketing d'Imérys Toiture.
D'autres, à l'image d'Urbasolar avec son produit Solar Roof, une membrane innovante conçue avec le suisse Sika Sarnafil, et l'américain Solar Integrated, s'intéressent aux toits des bâtiments industriels ou des entrepôts. Le système va être installé sur les 54.000 m2 d'un bâtiment de FM Logistic.
Le solaire thermique pourrait aussi profiter de cet engouement. Une PME d'Aix-les-Bains, Clipsol, travaille depuis des années à un nouveau concept de plancher chauffant alimenté directement par des panneaux solaires. Une chaudière d'appoint, pilotée par une informatique sophistiquée, prend le relais automatiquement lorsqu'il n'y a pas de soleil.
LAETITIA MAILHES (À SAN FRANCISCO) ET FRANK NIEDERCORN