Une juge d'instruction de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) a clos le dossier concernant les insecticides Regent et Gaucho, à l'origine, selon les associations d'apiculteurs, de la surmortalité des abeilles, a-t-on appris lundi auprès du procureur de la République local.
Dans un courrier adressé aux différentes parties, la juge d'instruction a indiqué avoir clos le dossier le 26 décembre. Elle doit le transmettre incessamment au procureur de la République, qui a désormais un délai maximal de trois mois pour rendre son réquisitoire définitif.
Dans cette affaire, les groupes chimiques et pharmaceutiques Bayer et BASF sont mis en examen comme personnes morales depuis le 23 février 2004, ainsi que leurs PDG respectifs, pour "mise en vente de produits agricoles toxiques nuisibles à la santé de l'homme ou de l'animal".
Le Regent avait été interdit par le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard au lendemain des mises en examen. L'autorisation de mise sur le marché du Gaucho, produit par Bayer CropScience, pour les usages de traitement des semences de maïs et de tournesol avait été retirée en juillet 2004. Selon les associations d'apiculteurs, ce dernier insecticide était cependant utilisé pour la culture de l'orge.
"Nous avons été particulièrement touchés par la surmortalité des abeilles en raison de la dissémination de ces produits", a déclaré à l'AFP, Jean-François Cauquil, membre de l'Union nationale de l'apiculture française, une association à l'initiative du dépôt de plainte. "Nous attendons désormais le procès avec impatience, même si nous pensons qu'il nous faudra être patients" en raison du report à septembre 2008 du procès d'un précédent volet concernant l'importation de Regent à partir d'Espagne, a-t-il ajouté.
Ce procès, audiencé en décembre dernier à Saint-Gaudens, avait été reporté en raison de la grève des avocats dans ce tribunal menacé par la réforme de la carte judiciaire.
"Vu l'influence et le poids des firmes Bayer et BASF, nous avons longtemps craint que le procès ne soit jamais organisé", a souligné M. Cauquil, qui a insisté, en tant que président de l'Association de défense des victimes des pesticides agricoles, sur l'incidence sur la santé avec "des traces de ces produits dans le lait, l'huile de tournesol ou la margarine de tournesol".