Des affrontements ont opposé mardi à Port-au-Prince des marchands de riz à leurs clients, trois jours après l'annonce d'une mesure visant à réduire de 15% le prix de la céréale pour mettre un terme aux "émeutes de la faim" qui ont fait cinq morts en Haïti.
Le directeur adjoint du Programme alimentaire mondial estime que l'on "peut s'attendre à de nouvelles émeutes" dues à l'envolée des prix de l'alimentation. Pendant ce temps, les cours des céréales flambent sur le marché à terme de Chicago.
Regain de violences à Haïti. Des heurts ont opposé mardi à Port-au-Prince des marchands de riz à leurs clients. En fait, les consommateurs s'attendaient à voir les prix baisser immédiatement après l'accord conclu samedi par les pouvoirs publics et les importateurs qui vise à réduire de 15% le prix de la céréale. Or ces derniers ont continué à écouler de vieux stocks, suscitant la colère de clients confrontés à la flambée des prix alimentaires, qui gagnent pour la plupart moins de deux dollars par jours. Aucun blessé n'a été signalé. Les précédents heurts la semaine dernière avaient fait cinq morts.
"On peut s'attendre à de nouvelles émeutes" de la faim, c'est la mise en garde du directeur adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM) Gemmo Lodesani dans une interview publiée mercredi par Le Parisien. "La situation est grave", juge le dirigeant de l'agence de l'ONU chargée de la fourniture d'aide alimentaire, de passage à Paris. "On peut s'attendre à de nouvelles émeutes urbaines", affirme-t-il, en citant la Somalie, le Soudan, la République du Congo, l'Afghanistan, le Zimbabwe, les Philippines et Haïti, comme "les pays où les populations sont les plus exposées au risque de famine". Des violences ont aussi déjà eu lieu au Cameroun, en Côte d'Ivoire, en Egypte, en Indonésie ou aux Philippines. De son côté, le directeur du PAM pour l'Asie a indiqué que la pénurie alimentaire s'aggrave en Corée du Nord où se profile le risque d'une "tragédie" faute d'aide extérieure.
Cette inflation des produits alimentaires s'explique notamment par l'augmentation de la consommation dans les pays émergents comme la Chine, le développement des biocarburants qui réduit les surfaces exploitées pour les cultures alimentaires, la hausse des prix du pétrole et du transport et la spéculation sur les marchés à terme. D'ailleurs, les cours des céréales flambent sur le marché à terme de Chicago dans le sillage de la flambée des prix du pétrole. Les investisseurs partent du principe que le pétrole cher va faire augmenter la demande d'éthanol et de biodiesel. Le maïs a ainsi fini mardi à 6,06 dollars, un record de clôture. Le prix des graines de soja flambent aussi.
Le Secours populaire lance un appel aux dons. L'association, qui soutient d'un point de vue alimentaire 1,6 million de personnes en France, appelle "à une vaste mobilisation des gens de coeur". La "crise ne s'arrête pas aux portes de l'Europe. La flambée des prix des matières premières atteint cruellement les plus pauvres de nos concitoyens (...)", précise le Secours catholique. De leurs côtés, sept organisations dont Atta ont annoncé mardi qu'elles lançaient une campagne "pour une agriculture durable au Nord comme au Sud".
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