Attaques d'installations pétrolières au Nigeria et grève dans l'activité de raffinage conjuguées à la forte demande chinoise ont propulsé les prix du baril sur des sommets inédits.Les prix du brut ont battu hier de nouveaux records sur le marché de New York. Le baril a coté jusqu'à 119,90 dollars pour terminer à 119,37 dollars.
À Londres, le cours du brent à lui aussi atteint en séance un nouveau sommet à 116,75 dollars pour finir à 115,95 dollars.
La tendance était soutenue par la confirmation par Shell d'une attaque des rebelles nigérians sur deux oléoducs qui a amputé sa production de 169.000 b/j, et par une grève dans une raffinerie en Écosse qui transforme 200.000 b/j principalement en kérosène. En outre, les statistiques chinoises confirment une soif inextinguible malgré la cherté de l'or noir : en mars, la Chine a importé en net 3,99 mbj, son niveau le plus élevé, à quelques semaines des jeux Olympiques.
Malgré cette nouvelle majoration des cours, les participants au Forum international de l'énergie, qui s'est terminé hier à Rome, n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur une action conjointe pour enrayer la flambée. Les producteurs estiment le marché bien approvisionné et restent sourds aux inquiétudes des consommateurs qui jugent nécessaire d'offrir davantage de brut pour détendre le marché. " Même si la demande américaine d'énergie se contracte gravement, l'Opep dispose avec la Chine d'un client prêt à financer l'investissement dans de nouvelles capacités aussi bien que des programmes sociaux ", souligne Mike Fitzpatrick, chez MF Global. En réponse aux craintes, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Naimi, a indiqué que " ce n'était pas le moment de paniquer " mais n'a fourni pour tout argument que la promesse d'un accroissement des capacités de production de son pays à 12 mbj en 2009 contre 9 mbj aujourd'hui.
ETAT DES STOCKS
Cet optimisme est critiqué par le Centre for Global Energy Studies (CGES) dans son dernier rapport, dont les experts estiment qu'un accroissement immédiat de 500.000 b/j de l'offre de l'Opep serait de nature à calmer la fièvre. " Le secteur pétrolier mondial a commencé 2008 avec juste 67 jours de couverture de consommation, 5 jours de moins qu'au début 2007 ", souligne le CGES. Ce besoin de reconstitution des stocks explique en grande part la fragilité du marché. Ce facteur devrait animer la séance aujourd'hui avec le rapport hebdomadaire sur l'état des stocks pétroliers aux États-Unis. Une nouvelle baisse serait de nature à faire franchir le seuil symbolique des 120 dollars.
ROBERT JULES
La Tribune - 23/04/08 - 449 mots
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