Deux groupes allemands, le numéro un mondial des gaz industriels Linde et le chimiste Süd-Chemie ont signé mardi 6 mai un accord de coopération exclusif pour développer et commercialiser des unités de production de biocarburants de deuxième génération dans le monde entier. Un marché estimé attractif alors que l'arbitrage entre sécurité alimentaire et sécurité énergétique préoccupe.
Haro sur la première géngération. John Lipsky, numéro deux du Fond monétaire international (FMI) a estimé jeudi 8 mai que le développement des biocarburants serait responsable à 70% de la hausse récente des prix du maïs et 40% de celle des graines de soja. « Dans le même temps, les prix du pétrole auraient probablement été plus élevés en l'absence des biocarburants ce qui rend compliqué tout jugement d'ensemble », a souligné John Lipsky.
Les biocarburants de la première génération, utilisant la canne à sucre, le soja, le maïs, le manioc et la jatropha, un arbre d'Amérique centrale résistant à la sécheresse souvent utilisée comme haie en Afrique, entrent en concurrence avec les cultures alimentaires. De nombreux exploitants se détournent des cultures vivrières en faveur de la production des biocarburants, plus rémunératrice : les prix alimentaires atteignent un tel niveau que celui de l'huile de palme en Afrique est désormais au niveau des prix du carburant.
Marche arrière toute. Les agrocarburants ont fait l'objet d'une politique de soutien active en France, en Europe et dans le monde. Dans le cadre de leur stratégie visant à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d'au moins 20% d'ici à 2020 par rapport à 1990, les pays de l'Union européenne voulaient que les biocarburants représentent au moins 10% de la consommation totale d'essence et de gazole dans les transports européens. La législation américaine prévoit que d'ici 2022, environ un quart de la consommation actuelle du pays soit assurée par des biocarburants. « Les objectifs ambitieux en matière de production de biocarburants que se sont fixés les Etats-Unis et l'Union européenne sont irresponsables », a exprimé Olivier de Schutter, le nouveau rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation interrogé par le journal Le Monde vendredi 2 mai.
Depuis, l'arbitrage entre sécurité alimentaire et sécurité énergétique se fait jour : le développement des biocarburants doit être plus sélectif, pour parer les crises alimentaires, mais reste une option face au changement climatique, ont jugé mardi 6 mai à Athènes des responsables de l'UE et du programme des Nations-Unies pour l'environnement (UNEP), lors d'une conférence sur la sécurité énergétique et le changement climatique.
Des bio carburants plus performants. Reste à développer des solutions plus viables. Le consensus en Europe et aux Etats-Unis est le suivant : cap sur la deuxième génération de biocarburants, produits à partir de la cellulose et la lignigne contenues dans le bois ou dans les parties non comestibles des végétaux, et « pause » dans les agrocarburants de première génération, trop nocifs sur le plan de la sécurité alimentaire. La ministre allemande de la coopération et du développement a appelé à suspendre la production de carburants à base de céréales jusqu'à la fin de la crise alimentaire. Le ministre de l'Environnement de l'Allemagne, Sigmar Gabriel a annoncé le 4 avril que le gouvernement abandonnait son projet baptisé E 10 qui prévoyait d'introduire 10 % d'éthanol d'ici à 009 dans l'essence des véhicules, étape intermédiaire pour atteindre 20 % en 2020.
Vive la deuxième génération ? Les biocarburants de 2e génération seraient fabriqués non plus seulement à partir des graines et des plantes, mais aussi avec les matières organiques non comestibles des plantes, dont la dégradation naturelle sur le sol participe à la constitution de l'humus nécessaire à leur régénération, ou encore avec le bois des arbres. Problème : les stocks d'humus jouent un grand rôle dans la fertilité des sols et dans le stockage du carbone. Deuxième limite : l'utilisation du bois ne doit pas conduire à la déforestation.
En volume d'autre part, les résidus agricoles sont limités sur la planète. L'enjeu prioritaire des biocarburants est donc celui de la productivité. Or pour l'instant, les rendements énergétiques de ces carburants deuxième génération restent très bas. Il faudra attendre au moins une dizaine d'années avant de passer à une production en quantité industrielle. Les allemands sont déjà sur le marché.
Ana Lutzky
http://www.usinenouvelle.com/article/biocarburants-de-2e-generation-la-solution-.138251?xtor=EPR-169
Les biocarburants de la première génération, utilisant la canne à sucre, le soja, le maïs, le manioc et la jatropha, un arbre d'Amérique centrale résistant à la sécheresse souvent utilisée comme haie en Afrique, entrent en concurrence avec les cultures alimentaires. De nombreux exploitants se détournent des cultures vivrières en faveur de la production des biocarburants, plus rémunératrice : les prix alimentaires atteignent un tel niveau que celui de l'huile de palme en Afrique est désormais au niveau des prix du carburant.
Marche arrière toute. Les agrocarburants ont fait l'objet d'une politique de soutien active en France, en Europe et dans le monde. Dans le cadre de leur stratégie visant à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d'au moins 20% d'ici à 2020 par rapport à 1990, les pays de l'Union européenne voulaient que les biocarburants représentent au moins 10% de la consommation totale d'essence et de gazole dans les transports européens. La législation américaine prévoit que d'ici 2022, environ un quart de la consommation actuelle du pays soit assurée par des biocarburants. « Les objectifs ambitieux en matière de production de biocarburants que se sont fixés les Etats-Unis et l'Union européenne sont irresponsables », a exprimé Olivier de Schutter, le nouveau rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation interrogé par le journal Le Monde vendredi 2 mai.
Depuis, l'arbitrage entre sécurité alimentaire et sécurité énergétique se fait jour : le développement des biocarburants doit être plus sélectif, pour parer les crises alimentaires, mais reste une option face au changement climatique, ont jugé mardi 6 mai à Athènes des responsables de l'UE et du programme des Nations-Unies pour l'environnement (UNEP), lors d'une conférence sur la sécurité énergétique et le changement climatique.
Des bio carburants plus performants. Reste à développer des solutions plus viables. Le consensus en Europe et aux Etats-Unis est le suivant : cap sur la deuxième génération de biocarburants, produits à partir de la cellulose et la lignigne contenues dans le bois ou dans les parties non comestibles des végétaux, et « pause » dans les agrocarburants de première génération, trop nocifs sur le plan de la sécurité alimentaire. La ministre allemande de la coopération et du développement a appelé à suspendre la production de carburants à base de céréales jusqu'à la fin de la crise alimentaire. Le ministre de l'Environnement de l'Allemagne, Sigmar Gabriel a annoncé le 4 avril que le gouvernement abandonnait son projet baptisé E 10 qui prévoyait d'introduire 10 % d'éthanol d'ici à 009 dans l'essence des véhicules, étape intermédiaire pour atteindre 20 % en 2020.
Vive la deuxième génération ? Les biocarburants de 2e génération seraient fabriqués non plus seulement à partir des graines et des plantes, mais aussi avec les matières organiques non comestibles des plantes, dont la dégradation naturelle sur le sol participe à la constitution de l'humus nécessaire à leur régénération, ou encore avec le bois des arbres. Problème : les stocks d'humus jouent un grand rôle dans la fertilité des sols et dans le stockage du carbone. Deuxième limite : l'utilisation du bois ne doit pas conduire à la déforestation.
En volume d'autre part, les résidus agricoles sont limités sur la planète. L'enjeu prioritaire des biocarburants est donc celui de la productivité. Or pour l'instant, les rendements énergétiques de ces carburants deuxième génération restent très bas. Il faudra attendre au moins une dizaine d'années avant de passer à une production en quantité industrielle. Les allemands sont déjà sur le marché.
Ana Lutzky
http://www.usinenouvelle.com/article/biocarburants-de-2e-generation-la-solution-.138251?xtor=EPR-169