Faible association des pays du Nord de l'Afrique, multitude d'obstacles techniques, surcoût économique… Destiné à valoriser et exporter l'énergie solaire du Sahara, le projet Desertec n'est pas des plus pertinents selon Maïté Jauréguy-Naudin, coordinatrice du programme Energie à l'Institut français des relations internationales (Ifri).
L'Algérie aurait récemment annoncé son intention de quitter le projet Desertec. Cette décision est-elle de nature à le remettre en cause ?
Même si elle est à confirmer, cette information montre que les pays du Maghreb sont mal intégrés dans les discussions en cours sur le projet Desertec. A l'origine, ils n'ont même pas du tout ou peu été consultés. De ce point de vue, le projet Transgreen me paraît plus équilibré. Il fait partie du Plan solaire méditerranéen, et s'inscrit donc dans un projet politique.
Pourquoi le projet Desertec ne vous semble-t-il pas ''équilibré'' ?
La conception du projet me gêne. D'abord, parce qu'un projet de développement des énergies ne peut s'inscrire uniquement ou presque dans une perspective d'exportation. L'électricité produite doit bénéficier en grande partie aux pays qui la produisent et qui en ont besoin. D'un autre côté il est plus rentable de vendre de l'électricité en Europe qu'en Afrique du Nord. La difficulté consiste à trouver un équilibre qui permette d'espérer la rentabilité d'un tel projet à long terme sans négliger les besoins des populations d'Afrique du Nord. 75% à 80% de l'électricité produite par Desertec sont destinés à l'Union européenne à l'horizon 2050. C'est 25% dans le cadre du projet Transgreen. Ensuite parce les besoins de financement de Desertec sont estimés à 400 milliards d'euros. Cela décourage d'emblée les petites entreprises et les pays les moins avancés à participer de manière significative à ce projet. D'autant que du côté de l'Union européenne, on ne sait toujours pas comment financer ce projet. http://www.desertec.org/