Comment un éco-quartier change-t-il la ville ? Alain Jund, adjoint à l’urbanisme de Strasbourg, qui pilote les deux opérations pionnières dans le Bas-Rhin, apporte son éclairage alors que se tient, à Strasbourg, le Forum européen des éco-quartiers. www.forum-ecoquartiers.strasbourg.eu
Économies d’énergie, panneaux solaires, espaces verts… Les éco-quartiers sont souvent ramenés à des détails techniques. Nouveaux pans de la ville, ils ont aussi l’ambition de la transformer. Avec la création du quartier Danube et celui de Cronenbourg, sur le site de l’ancienne brasserie, la démarche strasbourgeoise a déjà porté ses fruits. Premier exemple : l’aménagement du quartier Danube comprend un nombre réduit de places de parking : 450 pour 650 logements. Ce qui avait provoqué la bronca et la stupeur générales.
« La place accordée à la voiture a été un vif débat, et s’explique par la proximité du tramway. Mais nous avons installé 1 850 places pour les vélos », souligne Alain Jund, élu Europe-Ecologie-Les Verts et adjoint à l’urbanisme de Strasbourg, qui a pris en charge ce dossier. Moins de voitures, plus de vélos et de tramway : ce nouveau regard sur les transports, plutôt que d’attendre un changement des mentalités, a connu une suite réglementaire.
Une modification du plan d’occupation des sols, qui date de septembre 2009, applique cette nouvelle parité pour tous les projets à 500 m d’une ligne de tramway à Strasbourg. Ou comment les nouveaux modes de déplacement irriguent l’ensemble de Strasbourg. « C’est devenu un levier de transformation de la ville », constate Alain Jund.
L’autre particularité strasbourgeoise est la place du logement social. À rebours de l’évacuation progressive des classes modestes vers les périphéries des villes françaises, l’éco-quartier en propose une forte proportion proche des cœurs de ville. « Nous en avons 40 % au quartier Danube et 10 % d’accession sociale, tandis qu’à Cronenbourg, la part est de 35 % », explique-t-il. « La volonté politique était de permettre l’accès de ces logements à haute qualité environnementale à tous. »
Mixité socialeCette « réappropriation de la ville » par tous est l’un des volets majeurs de l’éco-quartier. « C’est en visitant celui de Malmö, en Suède, que je me suis posé la question de la mixité sociale », se souvient l’élu écologiste. Qui soutient aussi que l’éco-quartier, s’il est aujourd’hui en vogue, demande une longue consultation des riverains.
« Nous avons mis plus de six mois pour rencontrer des associations, des riverains, tous ceux qui étaient intéressés par l’aménagement de la Zac Danube », indique-t-il. Cette concertation est, d’après lui, l’une des étapes clés de cette nouvelle manière de construire. « Les projets seront commercialisés en 2012 ou 2013 », indique l’élu. D’ici là, l’éco-quartier, qui connaît des répliques dans plusieurs villes du Bas-Rhin, sera mieux cerné dans tous ses aspects.