Porteuse de rares promesses et surtout de risques, la fonte des glaces sera le thème central de la Journée mondiale de l'environnement, traditionnellement célébrée le 5 juin.
La ville-hôte des principales manifestations sera cette année la cité norvégienne de Tromsoe, dans l'Arctique, une région qui se réchauffe deux fois plus vite que la planète.
«L'Arctique et l'Antarctique, étant les premiers à éprouver toute évolution thermique, forment le système d'alerte précoce de la Terre aux phénomènes climatiques», souligne le directeur du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Achim Steiner.
À la fois cause --la glace réfléchit la chaleur alors que l'eau l'absorbe-- et conséquence du changement climatique, la disparition progressive des surfaces glacées et enneigées affecte déjà les 4 millions d'habitants de l'Arctique.
Pour cause de recul de la banquise sur laquelle ils chassent le phoque et l'ours polaire, les Inuits peinent à perpétuer leur mode de vie traditionnel.
Les accidents mortels dus à l'amenuisement de la couche de glace sont plus fréquents dans ces communautés du Grand Nord et les chasseurs troquent de plus en plus leurs chiens de traîneaux, qu'ils doivent parfois abattre faute de pouvoir les nourrir, pour des canots à moteur.
Espèce emblématique de l'Arctique, l'ours polaire est, lui, tout simplement menacé d'extinction dans les décennies à venir en raison de la disparition de son habitat.
Côté positif, le retrait de la banquise pourrait permettre l'ouverture de deux routes maritimes, plus courtes que les itinéraires actuels, entre les océans Atlantique et Pacifique le long du Canada et de la Russie.
Il devrait aussi faciliter aussi l'accès aux gisements d'hydrocarbures de l'Arctique, qui recélerait un quart des réserves de pétrole et de gaz naturel restant dans le monde, selon l'US Geological Survey.
Mais la fonte des glaces se fera ressentir bien au-delà des seules régions polaires ou montagneuses.
«Ce qui arrive dans l'Arctique et l'Antarctique (...) nous concerne tous directement, que l'on soit un habitant du Bassin du Congo, de l'Outback australien, ou de la Chine rurale, ou même un citadin de Berlin, de New Delhi, de Rio de Janeiro ou de Washington», affirme M. Steiner.
Selon des chercheurs canadiens, la fonte de la calotte glaciaire du Groenland, seconde réserve d'eau douce de la planète après l'Antarctique, provoquerait une élévation de sept mètres des océans, lesquels engloutiraient des îles et des zones côtières, y compris des États du Pacifique.
La seule Indonésie pourrait perdre 2.000 îles d'ici 2030, selon son ministre de l'Environnement.
Un tel phénomène obligerait le déplacement de dizaines de millions de «réfugiés climatiques» auxquels s'ajouteraient par ailleurs des légions d'hommes et de femmes fuyant sécheresses et inondations liées au réchauffement de l'atmosphère.
Selon le Giec, la stabilisation des concentrations de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère permettrait de limiter à environ 2°C l'élévation du thermomètre et ne coûterait que 0,12% de PIB mondial.
Mais, malgré la proposition la semaine dernière par le président George W. Bush d'une «nouvelle initiative» pour la réduction des gaz à effet de serre, les États-Unis, principaux émetteurs actuels de CO2, rechignent toujours à prendre des engagements contraignants.
La question devrait être l'objet d'un nouveau bras de fer entre les Américains et leurs alliés occidentaux au sommet du G8 qui se tiendra au lendemain de la Journée de l'environnement, du 6 au 8 juin, à Heiligendamm en Allemagne.