Outre le fait qu'on déverse impunément des minerais hautement radioactifs dans la rivière Mura fréquentée par les habitants des contrées avoisinantes, les petits enfants et autres chômeurs dont des femmes ont libre accès aux mines d'uranium, pendant que les « mining », terme collé aux opérateurs miniers expatriés, rachètent à vil prix ces matières fissiles..
Le trafic de ces minerais nuisibles à la santé humaine et animale bat son plein. N'a-t-on pas vu dans un documentaire d'une chaîne de télévision locale que certaines maisons d'habitation étaient même transformées en entrepôts de ces matières.
Après l'alerte donnée par une radio périphérique qui a dénoncé le déversement des minerais radioactifs dans une rivière, le ministre de l'Environnement s'est rendu dernièrement sur les lieux où son constat personnel a confirmé les faits. Réaction immédiate, on a condamné l'acte et décidé l'interpellation des auteurs de la faute.
S'il est vrai que les membres de la commission chargée de détruire les seize tonnes des minerais à haute teneur radioactive, font actuellement l'objet des poursuites devant les instances judiciaires de Lubumbashi, la situation va de mal en pis sur place.
Avant que ne soient ordonnées les mesures de récupération des minerais jetés dans la rivière, des voyageurs en provenance de Lubumbashi nous avons appris que les habitants des contrées avoisinantes ont continué à se baigner et puiser de l'eau dans ce cours d'eau « souillé », comme si de rien n'était.
Ce qui a eu pour conséquence, l'irradiation, sinon la contamination à des degrés divers des hommes, des poissons, des animaux et peut-être des produits de champs.
On s'imagine ainsi l'étendue des dégâts causés par l'irresponsabilité des membres de la commission judiciaire, quand on sait que même des femmes enceintes accédaient régulièrement à cette rivière qui est l'une des principales sources d'alimentation en eau de la contrée.
La population devrait être placée sous contrôle médical
Exposée à la contamination des matières radioactives, la population locale a sûrement subi des dégâts sur le plan sanitaire. C'est un problème de santé publique qui devrait interpeller le ministère provincial de la Santé , ou du moins le chef de division provinciale de la Santé. Plusieurs mesures urgentes devraient être prises. Notamment, mettre la population locale sous contrôle médical, dresser un bilan de son état de santé, à la suite de cette exposition et à la manipulation des matières hautement radioactives et décider de sa prise en charge médicale totale.
Pendant que les Ong locales alertées suivaient l'évolution de cette affaire, de nouvelles très alarmantes en provenance de Lubumbashi sont venues en rajouter à l'inquiétude générale de la population qui apprend aujourd'hui, bien tardivement les risques de la contamination aux minerais radioactifs auxquels elle est exposée.
En effet, quelques jours après que les seize tonnes aient été déversées dans la rivière, des inciviques dont on ignore la provenance sont allés récupérer nuitamment la cargaison suspecte. Sur le lieu, seules trois tonnes ont été retrouvées. Constat malheureux : treize tonnes volatilisées. Qui ont emporté ces matières radioactives et pour quelle destination ?
Telles sont les questions qui préoccupent les autorités provinciales de la Justice, de la Santé et de l'Environnement.
De retour de Lubumbashi pour vérifier les faits, Didace Pembe a regretté la disparition de ce tonnage important de matières radioactives.
Le patron de l'Environnement a une fois de plus, déploré le comportement irresponsable de ces trafiquants qui ont débarrassé la rivière des minerais à haute teneur radioactive, sans tenir compte des dangers de contamination qu'ils couraient par leur manipulation.
Une grande enquête permettrait de découvrir les fameux trafiquants
L'on sait que dans un monde où la course effrénée à l'armement atomique préoccupe certains pays asiatiques et arabes, la RDC est actuellement envahie par des petits opérateurs miniers intéressés aux minerais d'uranium. Le trafic de telles substances fissiles mobilise beaucoup des fonds, au point que certaines maisons d'habitation ont été transformées en entrepôts pour l'achat et le stockage, avant que des expéditions par voie routière soient effectuées vers des pays frontaliers.
Congo-Kinshasa: Uranium - Le Katanga, un «Tchernobyl» en puissance
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Partout où passent ces matières, l'on ne peut que déplorer l'absence des mesures de protection, telles que l'utilisation des anti- radiation pour éviter tout danger de contamination de la population.
Traquer les trafiquants et récupérer les treize tonnes emportées
Il serait urgent et même impérieux qu'une grande enquête soit diligentée hic et nunc à Lubumbashi, afin de démasquer tous les réseaux de trafic des matières radioactives qui opèrent au Katanga.
Il s'agira de traquer les trafiquants, de localiser tous les entrepôts clandestins et les différents points d'achat et récupérer tous les produits radioactifs encore stockés dans des maisons d'habitation, en l'absence des normes de sécurité pour les habitants et l'environnement.
Les autorités provinciales du Katanga devraient lancer le contrôle de tous les petits opérateurs miniers et déterminer leurs statistiques de production et identifier la gamme des produits de leurs exportations.
Il est vrai qu'au nom de la reconstruction de la RDC, notre pays a accueilli beaucoup d'investisseurs étrangers. Ceux qui ont créé des entreprises, offert des emplois à la main-d'oeuvre locale et contribué à la lutte contre la pauvreté, sont certes à compter sur des bouts de doigts. Mais cette province semble livrée aux trafiquants de tous bords qui ne sont que des investisseurs de mallette. Ils seraient en réalité des commissionnaires pour certaines multinationales.
Au nom de la lutte contre l'opacité et la mauvaise gouvernance dans les industries extractives dénoncées par les Ong, le souci de garantir la traçabilité des produits miniers de la RDC, et la volonté du gouvernement de voir les recettes minières profiter à la population congolaise, il y a lieu que l'on remette de l'ordre dans le secteur minier au Katanga, avant que la santé de la population soit sacrifiée sur l'autel des intérêts égoïstes des trafiquants de tous bords et de leurs réseaux.