Accroissement des températures moyennes mondiales de l’atmosphère et de l’océan, fonte généralisée de la neige et de la glace, élévation du niveau moyen mondial de la mer, le changement climatique entraîne des modifications importantes déjà visibles dans de nombreux domaines.
Ceci se traduit notamment par des modifications de la biodiversité, une résurgence de maladies à vecteur ou encore un accroissement des risques naturels. Au-delà des analyses scientifiques principalement menées par le GIEC, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat1, la question du changement climatique est également abordée sous l’angle économique depuis la publication fin 2006 du rapport Stern évaluant le coût de l’inaction à 5 500 milliards d’euros et préconisant une « décarbonisation » des économies développées2. Elle est également prise, depuis peu, sous l’angle social avec une vaste étude de la Confédération européenne des syndicats sur les impacts sur l’emploi3.
L’enjeu d’ordre planétaire commence aussi à être pris en compte dans la société : selon une enquête du CREDOC menée début 2007 pour la DGEMP/Observatoire de l’énergie4, pas moins de 56% des Français pensent qu’il faut modifier de façon importante les modes de vie pour limiter l’effet de serre. Les gaz à effet de serre (GES), principaux responsables Selon le GIEC, la majeure partie de ce phénomène est très vraisemblablement due à l’augmentation des gaz à effet de serre (GES) anthropiques : il est désormais admis que la concentration de ces gaz dans l’atmosphère a fortement progressé sous l’impact des activités humaines, depuis le début de l’ère industrielle. Sont principalement en cause trois gaz à effet de serre direct : le dioxyde de carbone (CO2) qui provient essentiellement de la combustion des énergies fossiles et du changement d’utilisation des terres (déforestation), le méthane (CH4) issu des décharges et des exploitations pétrolières et gazières et le protoxyde d’azote (N2O) provenant de l’utilisation d’engrais azotés et de certains procédés chimiques, ainsi que trois gaz industriels : les halocarbures5 (HFC et PFC), les gaz réfrigérants utilisés dans les systèmes de climatisation et la production de froid ou servant de gaz propulseurs des aérosols et l’hexafluorure de soufre (SF6) utilisé dans les transformateurs électriques. D’autres gaz jouent un rôle indirect sur l’effet de serre : l’ozone troposphérique (O3), le dioxyde de soufre (SO2), les oxydes d’azote (NOx) et les composés organiques volatils (COV). La France, particulièrement concernée Convention-cadre des Nations unies en 1992 (Rio), Protocole de Kyoto en 1997, Conseil européen de mars 2007, Livre Vert de la Commission européenne en juin 20076, la lutte contre le changement climatique et ses conséquences s’organise au niveau international. Initialement axées sur la stabilisation des émissions de GES, les politiques publiques adoptées visent désormais à leur réduction, par le biais essentiellement d’un renforcement de l’efficacité énergétique.
En France, l’amplitude de l’augmentation globale des températures est près de deux fois plus forte qu’ailleurs, principalement du fait de son exposition géographique. Dans le cadre du protocole de Kyoto, les autorités françaises se sont engagées à stabiliser les émissions du pays par rapport à celles de 1990. Un plan national de lutte contre le changement climatique (PNLCC) a été adopté en janvier 2000 puis renforcé en 2004 avec le Plan Climat. Allant au-delà des objectifs de Kyoto, le Plan Climat met surtout l’accent sur le développement des biocarburants - l’objectif de 5,75% pour 2010 est avancé à 2008, puis 7% en 2010 et 10% en 2015 - et sur l’amélioration de la performance thermique des logements et bâtiments - évolution de la réglementation thermique : RT 2005, tous deux constituant les voies privilégiées pour lutter contre le changement climatique. Il doit se décliner au niveau territorial et local.
Enfin la France a inscrit dans la loi d’orientation sur l’énergie du 13 juillet 2005 son engagement à diviser par quatre ses émissions à l’horizon 2050 (cf. « Facteur 4 »), à travers notamment des objectifs quantifiés d’utilisation des énergies renouvelables. D’ici 2010, 10% des besoins énergétiques totaux et 21% des besoins en électricité devront ainsi être couverts par des sources d’ENR, contre 6% et 11% en 2005. A noter également : dans le cadre des Etats Généraux de l’Environnement (« Grenelle Environnement »), le groupe de travail n°1 - « lutter contre les changements climatiques et maîtriser la demande d’énergie » - prépare une série de propositions sous la direction de Jean Jouzel et de Nicholas Stern. L’efficacité énergétique : principal levier En France, les deux tiers des émissions sont liés à l’utilisation de combustibles fossiles : l’extraction, la production, la transformation, le transport et l’utilisation de ces combustibles génèrent 70% des émissions de GES, le reste étant lié au traitement des déchets (mise en décharge, incinération), au traitement des eaux usées, à l’agriculture, aux consommations de gaz fluorés et à certaines réactions chimiques dans les processus industriels. Le poids de l’énergie est par conséquent considérable en matière de changement climatique. Pris dans sa globalité - matériaux, transport, traitement des déchets et usage : chauffage, production d’eau chaude et climatisation, le secteur du bâtiment est responsable de 25% des émissions de CO2 et de près de 50% des consommations énergétiques du pays.
C’est le secteur qui possède le potentiel d’atténuation le plus élevé avec, notamment, l’amélioration de la performance énergétique, l’intégration des énergies renouvelables et le développement de la haute qualité environnementale (HQE). (1) Le GIEC qui s’est déjà réuni trois fois en 2007 apportera la synthèse de ses travaux en novembre 2007 à Valence : bases scientifiques du changement climatique, impacts, adaptation et vulnérabilité, atténuation. (2) Envisageant la crise climatique essentiellement dans ses conséquences économiques, sociales et politiques, le rapport de Sir Nicholas Stern en appelle à une action forte et rapide pour éviter un effondrement de l’économie mondiale. Les conséquences du réchauffement sont évaluées à 5 500 milliards d’euros si rien n’est fait. (3) L’analyse a porté sur 4 secteurs (énergie, transports, bâtiment et industries intensives en énergie) responsables à eux seuls de 90% des émissions de CO2 : l’impact sera globalement positif pour les trois premiers mais négatif pour le dernier. Dans l’énergie, l’érosion de l’emploi direct serait compensée par des gains dans les biens d’équipement (ENR, nouvelles motorisations, …). Dans le transport, les emplois liés au rail et aux transports collectifs devraient quadrupler, ceux de l’industrie automobile devraient se stabiliser (cf. technologies propres) et ceux du fret routier devraient se réduire de moitié. Le bâtiment devrait connaître un gain d’environ un million d’emplois par an du fait notamment de la rénovation thermique. (4) : Enquête CREDOC pour la DGEMP/Observatoire de l’énergie, menée en janvier 2007 auprès de 2 009 personnes et publiée le 24 août 2007 : Baromètre d’opinion - les Français et l’énergie (le reste : 30% se montrent résignés et 13% font confiance au progrès technique et à la science pour apporter des solutions). (5) Halocarbures : gaz fluorés (HFC : hydrofluorocarbures et PFC : perfluorocarbures) (6) Livre Vert présenté par la Commission au Conseil, au Parlement européen, au CES et au comité des régions le 29.06.2007.