Alors que le paquet européen sur les pesticides est sur le point d'être adopté, une nouvelle étude montre que tous les Espagnols sont concernés par au moins un type de pesticide, fongicide, ou insecticide nocif, considéré internationalement comme potentiellement mauvais pour la santé. En juillet 2006, la Commission a proposé de renforcer les règles d’utilisation et d’autorisation des pesticides en Europe, alors les préoccupations concernant l’impact sur la santé et l’environnement de ces produits phytosanitaires étaient de plus en plus présentes.
Tandis que les ONG actives dans le domaine de la santé et de l’environnement saluent cette initiative, les agriculteurs et les fabricants de pesticide ont exprimé leurs inquiétudes sur ces mesures qui impliqueront davantage de bureaucratie et interdiront certaines substances inoffensives sur le marché.
En octobre 2007, lors de la première lecture sur le paquet, le Parlement a voté l'extension du nombre de substances interdites dans la fabrication des pesticides dans l'UE (EurActiv 24/10/07). Il semblerait ensuite que les 27 ministres de l’Agriculture de l’UE, qui se sont réunis en décembre 2007, aient trouvé un accord politique sur ce dossier (EurActiv 19/12/07).
Cependant, des informations contradictoires ont été diffusées sur la question, dans la mesure où l’accord du Conseil ne sera rendu public qu’en janvier 2008, lorsqu’une position commune aura été finalisée et renvoyée au Parlement pour la seconde lecture.
Enjeux:
L’étude espagnole, menée par l’université de Grenade, a examiné les degrés de contamination de certains polluants organiques persistants sur un échantillon de la population adulte (387 individus). L’objectif était de déterminer les facteurs associés à ces niveaux. L’échantillon comprenait des personnes vivant dans des zones urbaines et d’autres dans des zones semi-rurales.
D’après les résultats, publiés fin 2007, la présence d’au moins une sorte de produit chimique nocif a été détectée dans l’organisme de 100 % des Espagnols. Les scientifiques ont également trouvé plus de ces substances potentiellement nocives chez les femmes que chez les hommes, ainsi que plus chez les adultes que chez les jeunes. Ils ont également mis en évidence que le régime alimentaire est un facteur important dans la concentration de ces produits.
Selon Juan Pedro Arrebola Moreno, les concentrations plus élevées chez les femmes et les personnes plus âgées s’expliquent probablement par la grande persistance de ces substances dans l’environnement, ce qui conduit à leur bioamplification dans la chaîne alimentaire et à leur bioaccumulation au fil du temps.
Les scientifiques ont prélevé chirurgicalement un échantillon de tissus graisseux de chaque volontaire et collecté des informations sur leur lieu de résidence, leur mode de vie, leurs habitudes alimentaires et leurs activités dans leur vie. Les six substances prélevées comprenaient des composés liés aux procédés industriels, comme les polychlorobiphényles (PCB ) et les fongicides utilisés pour empêcher le développement de champignons dans les récoltes, ainsi que des insecticides.
Ces substances, qui peuvent pénétrer dans le corps par les aliments, l’eau et l’air, tendent à s’accumuler dans les graisses par lesquelles elles entrent dans l’organisme. Cela peut avoir des effets négatifs significatifs sur la santé humaine, notamment en provoquant des cancers ou en endommageant les systèmes immunitaire ou reproducteur.
Concernant l’importance du régime alimentaire comme facteur de concentration de ces produits chimiques dans le corps, l’étude affirme que l’ingestion de certains aliments, notamment ceux d’origine animale et contenant beaucoup de graisses, provoque la présence plus importante de ces substances toxiques dans l’organisme humain.
Positions:
D’après Catherine Ganzlehen, du Bureau européen de l’environnement (BEE), les lois actuelles contrôlent la vente et l’élimination des pesticides, mais ne régule pas leur utilisation dans l’agriculture. Par conséquent, 5 % de nos aliments contiennent des résidus de pesticides supérieurs aux limites réglementaires et les entreprises d’approvisionnement en eau font état d’une contamination importante dans les rivières de plaine, sans signe d’amélioration.
L’Association européenne pour la protection des cultures (ECPA), une organisation industrielle, déplore le fait que l’impact des pesticides sur la disponibilité de produits frais en Europe n’est pas compris pas tous. Pour l’association, des changements majeurs dans la législation pourraient entraîner des pertes de moyens dont les agriculteurs ont besoin pour cultiver des produits frais, à la base d’un régime alimentaire sain.
Développements récents et prochaines étapes:
- Janv. 2008 : publication de l’accord politique au Conseil sur le paquet pesticides.
- Printemps 2008 : deuxième lecture au Parlement.
A lire aussi:
- Council: DRAFT: Proposal for a Directive establishing a framework for Community action to achieve a sustainable use of pesticides of pesticides (13 December 2007)
- Commission: Sustainable Use of Pesticides
- European Crop Protection Association (ECPA) Food Safety and Quality
- European Crop Protection Association (ECPA) press release: ECPA urges Agriculture Council to leave farmers the tools they need to protect their crops (19 December 2007)
- European Seed Association (ESA)
- Health & Environment Alliance (HEAL): Pesticides
- PAN Europe - Pesticides Action Network Europe
- University of Granada press release: 100% of people carry at least one type of pesticide from the air, water or food in their bodies (29 November 2007)